La neuroanoatomie nous enseigne
que moins un organisme est élevé dans l’échelle de l’évolution, moins son
système nerveux est développé et plus il manifeste un comportement préprogrammé
(nature) : c’est le cas des papillons attirés par la lumière ou des
oiseaux migrateurs qui savent où aller et à quelle date. L’instinct des
organismes plus évolués est inversement proportionnel à leur degré
d’évolution : ils ont un système nerveux plus complexe qui favorise
l’apprentissage par l’expérience et la transmission (culture) mais les en rend
dépendants pour survivre. Ce mécanisme culmine chez l’homme.
Le mécanisme des fréquences cérébrales
C’est l’activité électrique
fluctuante du cerveau qui nous permet de télécharger en mémoire une quantité
inimaginable d’informations. Les basses fréquences cérébrales qui prédominent
chez l’enfant le rendent particulièrement perméable. Il s’agit d’une importante
adaptation neurologique qui favorise le très intense processus d’acculturation.
L’environnement humain et les mœurs sociales changent si rapidement qu’il ne
serait pas avantageux de transmettre des comportements culturels par le biais d’instincts
génétiquement programmés. Les jeunes enfants s’imprègnent de leur milieu
ambiant et acquièrent une « sagesse » léguée par les parents
directement dans leur mémoire subconsciente. C’est ainsi qu’ils adoptent le
comportement et les croyances de leurs parents, bénéfiques ou toxiques.
Les hypnothérapeutes amènent le cerveau des patients à
passer en activité delta et thêta car ces basses fréquences les
rendent plus influençables et programmables, à l’instar des enfants.
La formation du subconscient
Ensemble nos instincts
génétiquement programmés et les croyances apprises de nos proches forment le
subconscient. Ce dernier constitue une banque de stockage de programmes
totalement indifférents, qui sert uniquement au décodage des signaux de
l’environnement et à l’activation des programmes de comportements assimilés,
sans émettre ni questions ni jugements. C’est un disque dur programmable où
sont téléchargées nos expériences de vie. Les stimuli activant les
comportements sont des signaux détectés par le système nerveux, pouvant
provenir du monde extérieur ou du monde intérieur, comme les émotions, le
plaisir ou la douleur. Lorsqu’un stimulus est perçu, il déclenche
automatiquement la réaction comportementale acquise la première fois que ce
signal a été perçu.
Ainsi, les croyances et attitudes
captées chez les parents s’intègrent en tant que voies
synaptiques (neuronales) dans le subconscient et
contrôlent notre biologie. Étant donné la précision de ce système
d’enregistrement, on peut imaginer les conséquences de propos tels que
« tu es stupide », « tu ne le mérites pas », « tu
n’arriveras à rien », etc. Ces messages sont téléchargés dans la mémoire
subconsciente de l’enfant en tant que « faits absolus », aussi assurément
que les bits dans le disque dur d’un ordinateur. Une fois programmées, ces
« vérités » modèlent inconsciemment le comportement et le potentiel
de l’enfant. En vieillissant, nous devenons moins vulnérables à la
programmation extérieure.
Le conscient créateur
Si le subconscient est notre
« pilote automatique », le conscient est notre « commande
manuelle ». Le subconscient est l’un des plus importants processeurs
d’informations connus : il traite quelque vingt millions de stimuli par
seconde, alors que le conscient n’en traite que quarante (la photo d’un paysage
comparée à celle d’un point). Il sera donc beaucoup plus efficace pour éviter
un danger soudain.
Tous deux forment un duo
dynamique et coopèrent dans l’acquisition de comportements complexes. Quand on
apprend à conduire, le conscient doit traiter quantité de détails et ne saurait
se permettre de penser à autre chose. Plus tard on peut conduire sa voiture en
étant totalement absorbé dans une conversation, et réaliser qu’on a parcouru 10
km sans s’en apercevoir, tout en évitant les obstacles. Si l’on ne conduisait
pas consciemment pendant ce temps, qui donc conduisait ? Le subconscient
qui, à force d’expérience, a bien enregistré les nécessités de la conduite.
Quand un comportement préprogrammé se déroule, le conscient qui observe
peut intervenir pour générer une nouvelle réaction. Il peut en outre prévoir et
se souvenir alors que le subconscient fonctionne toujours au présent, ce qui
lui permet de gérer efficacement les comportements voulus dans l’instant, sans
nécessité de supervision consciente, comme dans l’exemple de la conduite.
Cependant, les choses peuvent mal tourner lorsque les
croyances acquises des autres ne concordent pas avec les objectifs de notre
conscient. Si la nature de ce dernier évoque le témoin qui observe, le subconscient
ressemble à un juke-box rempli de programmes prêts à jouer. Avec la meilleure
volonté du monde, nous ne pouvons obtenir des musiques qui ne seraient pas
enregistrées. Il est aussi inutile de se battre avec le subconscient que de
frapper un juke-box dans l’espoir qu’il changera de menu.
Conditionnement et libre-arbitre
Si les réflexes comportementaux
élémentaires acquis au fil de l’évolution se sont transmis sous forme
d’instinct génétique, l’apprentissage de nouveaux automatismes est
essentiellement le résultat du conditionnement (exemple des chiens de Pavlov). Bien qu’ils puissent être d’une
extrême complexité (conduire sur une autoroute bondée tout en conversant avec
son passager), ils s’accomplissent sans effort. Les voies neuronales entre
stimuli et réactions comportementales deviennent permanentes : elles
constituent les « habitudes ».
Physiquement, l’inconscient est
associé à l’activité de toutes les structures cérébrales présentes chez les
animaux qui n’ont pas développé la conscience. Chez les humains et certains
mammifères supérieurs, une région du cerveau s’est spécialisée : c’est le
cortex préfrontal, associé à l’activité mentale consciente. Cet organe de
perception a accès à presque toute l’information stockée dans notre mémoire à
long terme. Grâce à sa capacité d’autoréflexion, le conscient a la possibilité
d’observer nos comportements programmés et d’intervenir pour générer une
nouvelle réaction ; mais celle-ci reste ponctuelle tant qu’une
déprogrammation n’a pas eu lieu.
Après évaluation, il peut aussi décider de changer le programme.
Nous pouvons donc choisir consciemment
notre manière de réagir à la plupart des signaux de l’environnement. La
capacité consciente d’outrepasser les automatismes du subconscient constitue le
fondement du libre arbitre.
Ce don particulier comporte
néanmoins un désavantage. Alors que la plupart des organismes doivent faire eux-mêmes l’expérience de
stimuli pour réagir, notre cerveau est si apte à « apprendre » les perceptions,
que nous pouvons les acquérir indirectement de nos éducateurs. Une fois que
nous acceptons celles des autres comme des vérités, leurs perceptions se cristallisent dans notre
cerveau et deviennent nos vérités.
Si leurs perceptions sont inexactes, de fausses perceptions sont téléchargées
dans notre cerveau et enregistrées dans notre subconscient. Comme celui-ci sert
uniquement à rejouer le mode stimuli-réactions et qu’il ne travaille qu’au
présent, il nous entraînera alors dans des comportements inappropriés.
Par exemple, si l’on nous a appris que les
serpents étaient dangereux et qu’un reptile inoffensif s’approche de nous, nous
adopterons un réflexe (inconscient) de défense, concrétisé par les symptômes
physiques du stress. A l’inverse, un spécialiste manifestera un grand intérêt
et restera détendu. Même serpent, même stimulus, et pourtant des réactions
totalement différentes. De même, un événement ou un bruit soudain déclenchera
une poussée d’adrénaline chez les uns et pas chez les autres, en fonction des
expériences vécues ou apprises stockées dans l’inconscient. Nos réactions aux
stimuli sont en effet contrôlées par nos perceptions, à partir de notre banque
de données inconscientes. Vraies ou fausses, celles-ci « contrôlent »
notre biologie. Ainsi il serait plus
exact d’appeler ces perceptions des croyances.
Ce qui nous empêche de parvenir
à réaliser nos rêves, ce sont les limites programmées dans notre subconscient.
Elles n’influent pas seulement sur notre comportement, mais jouent également un
rôle primordial dans notre physiologie et notre santé.
La kinésiologie, une pratique fondée sur des
tests musculaires, démontre que lorsque le conscient a une croyance qui entre
en conflit avec une « vérité » préalablement stockée dans le
subconscient, le conflit s’exprime par un affaiblissement des muscles du corps,
au détriment de l’affirmation consciente. L’esprit conscient croit contrôler la
situation tant qu’il s’accorde avec le subconscient qui copilote notre vie.